
Solutions Organiques
Au Ras du Sol inaugure
et sa Microplateforme de compostage de Saint-Antoine-de-Breuilh
Inauguration du 12 juin 2025

Le camion que vous pourrez voir circuler les vendredis matins sur le Pays Foyen.
C’est le 12 juin dernier que tout l’équipage d’Au Ras du Sol inaugurait officiellement sa microplateforme de compostage dédiée à la gestion des matières organiques collectées sur le Pays Foyen. Cette prestation de service dénommée La Récolte, propose depuis janvier 2025 une solution attendue aux professionnels soucieux de valoriser leurs restes alimentaires. En présence de nombreux partenaires de travail, heureux de renforcer les liens d’interdépendance du territoire, la journée de découverte a permis la visite du site, un repas partagé puis 2 tables rondes sur différents aspects du projet.
Une Récolte en local
Pour la SCIC Au Ras du sol engagée dans la filière de prévention-gestion de proximité des biodéchets (P-GProx), ce maître mot de "local" est ici pleinement justifié, avec une implantation permettant de limiter les déplacements et le nombre de camions sur les routes. Le camion, que l’on pourra voir circuler de la cuisine centrale de Pellegrue aux différents sites de la Fondation John Bost, en passant par le collège Élie Faure de Sainte-Foy-La-Grande, accomplit une mission simple : déposer des bacs propres de 120 litres, dédiés uniquement aux restes alimentaires et chaussés pour ce faire d’un sac kraft biodégradable, contre des bacs pleins remplis durant la semaine écoulée par les établissements. Une autre collecte s’occupe de couvrir les besoins des différents services de l’hôpital de Sainte-Foy-La-Grande.
« C’est la partie routinière, qui permet de garder le contact entre les acteurs engagés. Ça se passe très bien, notamment grâce aux actions de sensibilisation portées au moment du déploiement du service. Ce temps est essentiel pour s’assurer de l’engagement des équipes à trier soigneusement, une des clés de La Récolte. Dès lors qu’on visibilise le devenir de ces restes alimentaires – la microplateforme pour le traitement, puis l’épandage du compost chez Raphaël, l’envie de bien faire est palpable. Ça rajoute à la solution concrète de gestion des matières une dimension humaine qui fait tout le charme du projet. » explique Ludovic Martin, porteur du projet pour Au Ras du Sol.
La boucle de collecte est réalisée le vendredi. « Un des points de vigilance est le remplissage des bacs. On réalise une étude de gisement en amont qui permet d’évaluer le nombre de bacs nécessaires pour l’établissement collecté, et on tâche de s’y tenir puisque on facture au bac et non au poids. Autant collecter des bacs bien pleins ! Mais pas trop non plus, puisqu’on peut friser les 100 kg par bac si on surcharge… Donc, confiance et accompagnement sont ici de mise pour que tout le monde s’y retrouve ».
Le camion revient en fin de tournée à la microplateforme de compostage en andain de St-Antoine-De-Breuilh.
Un process éprouvé
Ce 12 juin, sous un soleil déjà virulent, cette MP (pour les spécialistes !) est présentée comme la clé de voûte de La Récolte, qui autorise le retour au sol de cette matière organique venant d’apporteurs variés. Cette particularité et les volumes potentiellement traités (jusqu’à 250 T) dépassant le cadre règlementaire de la P-Gprox, la SCIC Au Ras du Sol a déployé l’ingénierie nécessaire permettant d’obtenir un agrément sanitaire pour cette microplateforme. Si la précision est évoquée, car déterminante pour les professionnels du secteur, et très peu déployée à ce jour à l’échelle nationale, une inauguration n’était pas le moment idéal pour s’étendre sur le sujet. Ici, l’objectif était de faire au plus simple : suivre le devenir d’un bac collecté à l’arrivée d’un camion. « Comme vous le voyez, une microplateforme est un espace assez simple à organiser. Il s’agit d’accueillir des restes alimentaires, qu’on va verser après pesée et contrôle qualité dans le basculeur de matières en mélange avec du broyat de bois stocké sur place. Le mélange effectué, on renverse cet amalgame dans le chariot andaineur lié au basculeur pour constituer l’andain de compostage. Ici comme sur les 6 autres MP déployées par nos équipes, le process est contrôlé par sondes connectées, et dynamisé par l’intervention de notre Rotomix, un retourneur d’andains agricole. Et mesurez-le ici, avec vos narines : un compost bien fait ne sent pas mauvais!» commente Yohann Marchesseau, responsable technique d’Au Ras du Sol alors que les invités prennent place autour des machines. Après 3 mois, la matière ayant réalisée sa conversion, le compost peut-être évacué vers les parcelles maraîchères pour amender les sols. Carbone et azote disponibles vont ainsi agrader les sols nourriciers en proximité directe, au lieu de finir à l’incinération ou à l’enfouissement, destin réservé à nos poubelles noires. La boucle est bouclée, puisque les Pénisson fournissent nombre de points de restauration collective via Manger Bio Périgord dont Raphaël assure la présidence. « Cet engagement – un terrain d’environ 2500 m2 contre le compost produit - qui nous lie pour dix ans tombe sous le sens. Cela permet un bénéfice mutuel et propose des perspectives pour nous, et le territoire. Intégrer cette matière dans nos itinéraires techniques pour l’utiliser au mieux sur nos cultures est le dossier qui occupera désormais une place sur nos bureaux. Ce n’est qu’un commencement ! » comme Raphaël l’expliquera lors de la table ronde de l’après-midi où le dialogue entre composts et sols est débattu entre spécialistes.




De haut en bas :
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La serre accueillant bacs et plateforme de lavage.
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Ludovic expliquant le devenir du bac, revenant plein comme lors des retours de tournée.
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Brassage des matières pour mise en compostage dans le chariot-andaineur.
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Yohann au pied du compost mûr avant son export vers les parcelles maraîchères qu'on aperçoit en arrière plan.

Un aboutissement
Mais pour l’heure, une fois observé le compost produit depuis le début de l’année – du moins ce qu’il en reste, l’essentiel ayant déjà rejoint les cultures, il est déjà temps des discours inauguraux. Rassemblées dans la serre qui accueille espace de lavage et de stockage des bacs, les personnes invitées sont, pour l’essentiel, des agent(e)s et élu(e)s des collectivités environnantes, partenaires de travail d’ARDS sur le volet Formation venus découvrir cette nouvelle solution organique, comme dénommée par les coopérateurs. Ils prennent place autour d’une simple ficelle tendue : « En guise de coupage de ruban, on voulait un symbole de notre manière de travailler. Aussi, on a converti les habituels ciseaux en cisailles en nombre, remis entre les mains de divers citoyens aux profils divers : associés et salariés de la SCIC, représentant des collectivités, agriculteurs, apporteurs de matières… Un truc de collectif, tous simplement ! Et une ficelle en coton qu’on laisse se dégrader au sol, sans se tracasser. Pas de plastique pour rien ! » explique dans un sourire François-Xavier Moogin, qui coordonnait l’organisation de l’événement.
Au micro se succèdent pour donner corps à la genèse du projet François Mas en sa double qualité d’élu foyen et de vice-président de l’USTOM en charge du PLPDMA, puis Fabrice Michel, également élu à l’USTOM en charge du développement de l’accueil des points d’apport volontaires avec stabilisant (autrement appelés composteurs grutables) qui seront traités sur la MP. D’autres élus locaux, soutiens de longue date des activités d’Au Ras du Sol, présenteront cette nouvelle solution comme particulièrement adaptée aux communes rurales où les solutions se font rares… Et comme un aboutissement, complémentaire aux composteurs collectifs et autres opérations de collecte organisées de longue date sur le territoire pour l’émergence d’une culture compostière. Le mot de la fin étant prononcé par Ludovic, le ruban est coupé, et l’assemblée rejoint la salle de l’Étoile, généreusement mise à disposition par la commune pour l’occasion, où l’attend un buffet campagnard bio et local réalisé par le GAEC de la Ferme des Gardes, produits et main d’œuvre compris !


Du monde pour cette inauguration !
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François Mas et Fabrice Michel
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François-Xavier distribuant les cisailles.

Le traditionnel coupage de ruban… Revisité et compatible au ras du sol !
Réfléchir ensemble
À 14H15, rapidement débarrassée des reliefs de repas, la salle est prête à accueillir les échanges. L’idée est simple : exposer dans un premier temps les enjeux en amont du process de compostage, puis ceux en aval liés au devenir de la matière.
La première table ronde dénommée territoires organiques – une idée fixe de l’équipe depuis plus d’une décennie ! - rassemblait autour de Ludovic les acteurs engagés dans la Récolte : M. Gauthier et Degaugue de l'hôpital de Sainte-Foy, Jean-Philippe Rayet, le responsable de la cuisine centrale de Pellegrue, Marine Lefevre, la responsable communication & prévention de l'USTOM et enfin Marc Sahraoui, élu à la mairie de Sainte-Foy-La-Grande et vice-président de la collectivité du Pays Foyen. Exposée dans le détail, la démarche de collecte déployée sur le territoire foyen se plaçait sous le signe de la qualité. « Du tri, à chaque étape, et de la simplification de la gestion des restes alimentaires pour les établissements embarqués » comme l’expliquait Ludovic. « Ça apporte une solution attendue de longue date, sans trop bousculer les équipes chargées de faire les bons gestes » témoignaient les apporteurs, « et innovante dans les territoires alentours, complémentaires avec les services de la collectivité » complétaient leurs représentants autour de la table et dans la salle.



Puis s’ouvrait le volet agricole de cet échange, réunissant autour de Yohann Florian Bassini, formateur et conseiller technique en agronomie et approche systémique pour Agrobio Périgord, Raphaël Pénisson en tant que maraîcher et horticulteur, Didier Margouti, paysan local en polyculture élevage à la Ferme des Gardes aussi figure de la Confédération paysanne de Dordogne, et enfin Valérie Gandré en charge du Plan Alimentaire Territorial du Grand Libournais. « Vus depuis nos champs, les volumes de restes alimentaires collectés ne sont pas un problème. Un apport jusqu’à 25 Tonnes par hectare de compost est bienvenu. Il faut pouvoir compenser ce qui est exporté des sols par le fait de les cultiver ! » s’accordaient à dire Didier et Raphaël, aux cultures pourtant distinctes. « Nous sommes partenaires de route et amis de longue date, et l’émergence de la végéterie avait déjà marqué une étape déterminante. Cet espace de massification des végétaux des professionnels du paysage locaux, géré dans la confiance mutuelle, permet de disposer d’une ressource de broyat précieuse pour agrader les sols directement, ou désormais, pour alimenter la microplateforme. C’est cohérent. » précisait Didier. Florian portait un éclairage nuancé : « Tout d’abord, il faut comprendre que le compost est un processus d’évolution de la matière organique. Quand il est maîtrisé, son utilisation ne prête plus à controverse, ici comme ailleurs. Mais on ne devrait donc pas parler « du » compost, mais « des » composts. Ainsi, des pistes de réflexion sont maintenant devant nous : ajustement des rotations des cultures, quels composts, à quels moments, pour quels sols et quelle culture… Le choix est large ! Ce qui est sûr, c’est que disposer de cette matière est une vraie richesse, et porteur de stabilité… dans une activité qui en a bien besoin, c’est évident . » Un discours repris en charge par Valérie Gandré « que le biodéchet devienne un sujet agricole est un vrai pont pour nos territoires. Cela nourrit des économies locales, crée des emplois, et permettra plus de connaissances entre les acteurs. Nous en avons besoin, ici comme ailleurs. »
Après cette dernière table ronde où le public était invité à changer d’échelle pour comprendre, au fil des échanges, le fonctionnement d’un sol de forêt et ses merveilleuses interactions écosystémiques, nul doute que chacune des personnes présentes repartait avec le sentiment d’appartenir à un même réseau d’acteurs divers, variés, complémentaires. Rendu plus fort, indubitablement, par l’envie de construire ensemble des solutions organiques. FXM
Les participants aux deux tables rondes ont permis de porter des échanges riches, pour des visions complémentaires, territoriales et agricoles.

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1- Raphaël gère avec son frère Camille l'Etablissement Pénisson, Maraîchage et horticulture bio à St-Antoine et Port-Sainte-Foy-et-Ponchapt
2- PLPDMA: Plan local de prévention des déchets des ménages et assimilé, outil de gestion des déchets indispensables aux syndicats de collecte et traitement
3- La Compostière de la Ferme des Gardes, à Saint-Antoine-de-Breuilh.